Portrait : Richard Anthony, un storytelling américain à la française
février 17, 2021 | by Alex PITTAVINO
Il a fait vibrer toute une génération jusqu’à être mis sur le même piédestal que Johnny Hallyday. Si vous avez grandi durant les années 60, impossible de n’avoir jamais écouté Richard Anthony. Une immense carrière en France qui n’a failli jamais voir le jour. Durant sa brillante enfance, Richard va connaître l’Égypte, l’Argentine et l’Angleterre. Salué pour ses talents au chant, il intègre la prestigieuse chorale de Brighton Collège. Quelques années plus tard, à 11 ans, il est désigné meilleur élève en préparation militaire d’Angleterre. Deux ans plus tard, en 1951, il arrive en France. Un véritable changement s’opère. Après avoir obtenu son baccalauréat et avoir commencé ses études de droit, il refuse de suivre ses parents à Milan. Le jeune homme préfère continuer sa vie en France, en compagnie de celle qui lui a volé son cœur sur le banc du lycée : Michelle Anthony. Pour gagner de l’argent, la star des années 60 devient représentant de commerce en réfrigérateurs. Cela ne l’empêche pas d’enchaîner les quelques prestations de saxophone dans plusieurs clubs de jazz. Les prémices d’une carrière musicale ? Sûrement…
Précurseur pour beaucoup, copieur pour d’autres
Polyglotte, notamment grâce à son train de vie mouvementé durant son enfance, Richard décide d’adapter la pop anglophone en français. Après un premier essai qui ne prend pas avec « You are My Destiny », il se fait tout de même remarquer par plusieurs maisons de disques. Cependant, il doit attendre son troisième 45 tours avec Nouvelle Vague, une reprise du Three Cool Cats des Coasters, pour connaître le succès à vingt ans. La pièce manquante pour que sa carrière décolle. Après ce son, il enchaîne les tubes qu’il enregistre entre Paris et Londres. L’apogée de sa carrière se trouve peut-être en 1962 et l’enregistrement du culte « j’entends siffler le train » qui reste un des plus gros succès francophones de l’histoire. Témoin de son succès, les médias de l’époque le comparent à Johnny Hallyday. Leurs fans en arrivent même aux mains, a contrario des deux artistes qui vont découvrir une réelle passion l’un pour l’autre. Durant les années soixante, il enchaîne les classiques. « À présent tu peux t'en aller » ; « Je me suis souvent demandé » ou encore « La Leçon de twist », Richard Anthony est partout. Alors qu’il est considéré comme un génie SELON ses fans, beaucoup voient en ses œuvres de pâles plagiats anglophones remis au goût du jour. Pourtant, durant ces années-là, il n’était pas rare de s’inspirer (pour ne pas dire plus) de hit étranger pour s’emparer de la première place du hit-parade français. Quoi qu’il en soit, Richard Anthony fait bien partie du gratin de la musique française à la fin des années soixante. Sa présence sur « la photo du siècle » le confirme.
Une vie dorée aux multiples sorties de routes
Fatigué par plus de dix ans de tournées et ne s'adaptant pas à la mode montante du disco, son succès s'épuise dans les années 1970. Malgré quelques fulgurances raflant le top 3 des ventes en France, il part s’installer à Los Angeles en 1978. Accompagné de sa nouvelle femme, Sabine Anthony et de leurs trois enfants, il continue de produire. Après son retour en France en 1982, il est rattrapé par le fisc et ira jusqu’à faire quelques jours de Prison. A présent considéré comme un chanteur de l’ancienne génération, il ne retrouvera plus jamais sa gloire d’antan. Pour ne pas arranger les choses, Richard est pénalisé par ses nombreuses relations amoureuses passées. 4 femmes et onze enfants, rien que ça ! Il préfère en rire à l’époque. « Mes (ex-)femmes m'adorent : elles ne se sont jamais remariées alors qu'elles sont superbes. Je n'étais pas fait pour me marier autant de fois et avoir autant d'enfants. » Ses fans toujours restés fidèles ne le lâcheront jamais. Le 12 février 2012, il fait salle comble pour un dernier concert sur la scène de l’Olympia. Après s’être battu contre un cancer du côlon en 2010, Ibrahim Richard Btesh ou Ricardo Abraham Btesh, alias Richard Anthony, décède le 19 avril 2015 à 77 ans à Pégomas. Lors de son dernier séjour à l'hôpital, il avait souhaité rentrer chez lui pour mourir près des siens. Ses obsèques ont lieu le 24 avril 2015 à Cabris, dans l'intimité familiale.
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