11 mai 330, fondation de Constantinople
Un des jours les plus remarquables dans les fastes du monde,
Celui où l’empereur Constantin transféra le siège de l’empire romain à Byzance, ville ruinée de Thrace, située à l’extrémité de l’Europe, sur le terrain de laquelle, et dans une enceinte beaucoup plus étendue, il éleva une autre ville qu’il appela de son nom : Constantinople.
La fondation d'un édifice ou d'une ville exigeait chez les païens une double cérémonie : d'abord la consécration du sol, et plus tard la dédicace des monuments. Consécration et dédicace étaient des rites religieux : des esprits étaient exorcisés, d'autres invoqués. Constantin a respecté ces rites : la consécration avait eu lieu le 8 novembre 324, la dédicace fut célébrée le 11 mai 330, et c'est sans doute le philosophe néoplatonicien Sôpatros qui y présida. Il y eut un sacrifice à la Tyché de la ville, et aussi un sacrifice non sanglant au vrai Dieu. Les jeux étaient une partie essentielle des rites ; il était d'usage que les courses fussent précédées par la procession des statues divines, qui faisaient le tour de l'arène, avant de s'arrêter à un reposoir situé sous la loge impériale ; Constantin décida que sa statue figurerait, avec celle de la Tyché de la ville, dans la procession commémorative annuelle ; les soldats la suivraient avec des cierges, et on la déposerait en face de la loge.
La ville était loin de présenter le caractère d'une capitale chrétienne. Les temples antiques avaient été respectés, on vénérait toujours les Dioscures à l'hippodrome, on construisit même des temples nouveaux pour la Tyché de Rome et pour la Grande Mère. Sur la colonne du nouveau Forum se dressait une statue de Constantin-Soleil. Les églises consacrées à la Sagesse, à la Paix, à la Puissance convenaient à une capitale de la philosophie. On s'était attaché à rappeler les grands souvenirs de Rome…
Des bâtiments superbes, entre lesquels il faut compter plusieurs églises, des places publiques, des fontaines, un cirque, deux palais, un capitole, le tout enrichi des plus belles statues tirées des autres villes, furent les principaux ornements dont il la décora. Il y créa un sénat ; mais il restreignit son autorité aux fonctions de la judicature, sans lui accorder aucune influence dans les affaires de l’État. On voit par les anciennes médailles de Byzance, que le croissant fut toujours un symbole attaché à cette ville.
Constantin, en fondant sa nouvelle capitale, consulta moins l’intérêt de l’empire que sa propre vanité. « Lorsque le siège de l’empire, dit Montesquieu, fut établi en Orient, Rome presqu’entière y passa ; les grands y menèrent leurs esclaves, c’est-à-dire, presque tout le peuple, et l’Italie fut privée de ses habitants. » Cette dépopulation d’un pays, qui était auparavant le centre des forces de l’empire, facilita les irruptions des barbares, et prépara la ruine totale de l’empire d’Occident…
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