27 septembre 1791, Décret de L’émancipation des Juifs
septembre 27, 2024 | by Jean-Claude JUNIN
Quelques jours avant la dissolution de l'Assemblée nationale (28 septembre 1791), le député Adrien Duport, membre du Club des Jacobins, monte contre toute attente à la tribune et déclare : « Je crois que la liberté de culte ne permet aucune distinction dans les droits politiques des citoyens en raison de leur croyance. La question de l'existence politique des Juifs a été ajournée. Cependant, les Turcs, les Musulmans, les hommes de toutes les sectes, sont admis à jouir en France des droits politiques. Je demande que l’ajournement soit révoqué et qu’en conséquence il soit décrété que les Juifs jouiront en France des droits de citoyen actif. » Cette proposition est acceptée avec de forts applaudissements. Rewbell essaye, cependant, de s'opposer à la motion mais il est interrompu par Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély, président de l'Assemblée, qui « demande que l’on rappelle à l’ordre tous ceux qui parleront contre cette proposition, car c’est la Constitution elle-même qu’ils combattront ».
L’Assemblée vote alors, sans autre discussion, la motion de Duport et, le lendemain, adopte définitivement la rédaction de la loi. Deux jours plus tard, l’Assemblée nationale se sépare et, le 13 novembre, Louis XVI ratifie la loi déclarant les Juifs citoyens français.
L'émancipation des Juifs désigne le processus de libération des Juifs en Europe et dans le monde, qui leur a permis d'obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de leurs droits avec leurs concitoyens.
Si la France a été la première à attribuer la pleine égalité de droits aux Juifs par le vote de l'Assemblée constituante en 1791 au début de la Révolution française, il faut rappeler que le processus d'émancipation a débuté juridiquement avec l'édit de tolérance de Joseph II d'Autriche (1781) qui accorde la liberté de culte aux Protestants comme aux Juifs, l'édit de tolérance de Louis XVI (1787) et en Allemagne avec la conjonction de la philosophie des Lumières et de la Haskalah (dont le plus illustre représentant est Moïse Mendelssohn). L'émancipation se traduit par une série d'actes législatifs par laquelle les États ont reconnu la citoyenneté aux Juifs. En France, la Terreur a empêché un temps chrétiens et juifs de pratiquer leur religion, mais l'égalité de droits a été confirmée sous Napoléon Ier.
Dans le reste de l'Europe, l'émancipation qui s'est faite au XIXe siècle, a conduit à la disparition au moins formelle des ghettos et à l'égalité des chances pour les Juifs, en Europe occidentale et en Amérique. Là où elle s'est heurtée à une plus grande opposition, dans l'Empire russe particulièrement, les Juifs se sont plus volontiers tournés vers les mouvements révolutionnaires ou le sionisme.
Votre soutien nous est plus que jamais indispensable :
2€, 5€, ou plus : soutenez GrasseMat’.Info votre journal de proximité.
RELATED POSTS
View all