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La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

mai 15, 2021 | by Nathalie NELIS

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La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,


La réussite d’une conception géométrique, fonctionnelle et sensible, à redécouvrir absolument !


Après 6 années de patientes et complexes rénovations menées de main de maître par l’Association Cap Moderne présidée par Michael Likierman avec le soutien du Conservatoire du Littoral, La Région, le Département, la ville de Roquebrune et le ministère de la Culture par la DRAC, la villa E-1027 rouvre ses portes au public. Il pourra la découvrir, restaurée, le mobilier et le décor reconstitués au plus près de ce qui avait été imaginé et conçu par les deux architectes Eileen Grey et Jean Badovici.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Eileen Grey de son vrai nom Kathleen Eileen Moray Smith est née en 1858 en Irlande d’une famille aristocrate protestante (anglo-écossaise d’origine), d’un père peintre. A Londres, elle a étudié la peinture à la Slade School of Fine art, attirée par l’enseignement très avant-gardiste.


Entre 1927 et 1929, elle conçoit avec l’architecte et historien d’art Jean Badovici, son compagnon d’alors et rédacteur en chef de « l’Architecture vivante », cette villa E-1027, dont les initiales imbriquées des deux architectes composent le nom. Elle est conçue pour un homme libre qui aime le sport et la compagnie, ou pour finalement y vivre à deux, on ne sait pas réellement.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Eileen Grey et Jean Badovici travaillent à quatre mains pour réaliser ce petit paquebot posé sur la Côte, à Roquebrune-Cap-Martin. Eileen Grey bénéficie déjà d’un nom dans l’architecture design. Elle s’est fait connaître pour la conception de meubles laqués, puis d’objets et meubles tubulaires. Elle avait présenté en 1922 à Amsterdam, une table polyvalente au design géométrique qui avait attiré l’attention des architectes « de Stijl ».  Tous deux ont arpenté l’Europe à la rencontre des architectes modernistes, source d’inspiration pour leur ambitieux projet.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Ce qui frappe dans cette maison rectangulaire, c’est l’agencement des pièces.  Des séries de petites cloisons créant des recoins séparent les pièces maîtresses les unes des autres ainsi que des espaces modulables. Les habitants ont la sensation d’indépendance, d’y être seuls, où qu’ils se trouvent dans la villa. La visite des lieux se vit comme une expérience. L’architecture de l’ensemble, la décoration, la conception sur mesure des meubles et leur disposition dans les pièces, invitent à la contemplation, au repos et à l’émerveillement. Les fenêtres rectangulaires, toujours cette forme géométrique reprise à l’infini, sont comme des tableaux vivants ouverts sur le monde : d’un côté la mer bleue, en face, l’émeraude de la végétation.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Les miroirs des salles de bains prolongement en angle droit des fenêtres, invitent l’extérieur à l’intérieur, dans un jeu de reflets. Très terre à terre dans la conception de ses meubles, tous des prototypes, Eileen Grey les pense et les dessine en forme de vie. Elle s’attache à y apporter un sens, au-delà même de leur fonctionnalité. En cela elle y met une âme et crée une réelle intimité. Les rangements, dont l’objet pour chacun est indiqué par une signalétique calligraphiée sont émouvants par leur originalité : des tiroirs qui se déboitent en éventail, un paravent qui crée le « coin » de bain servant d’armoire à tablettes et tiroirs.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Son sens du détail par soucis d’ordre pratique semble sans limite : la poche en celluloïd (considérée comme la toute première matière plastique) fixée au mur qui contient les plateaux pour le service des boissons du bar, le réveil de voyage accroché près du lit. La ligne pure de la table de nuit en métal qui se déplie allie confort, sobriété et sensualité. La plupart du mobilier se fond dans le décor. Les quelques meubles qui habitent l’espace, en solitaire sont discrets, élégants et d’une extraordinaire originalité : la table recouverte de liège, le fauteuil Bibendum.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Eileen Grey n’aura finalement pas vécu dans cette villa terminée en 1929. Jean Badovici y vivra jusqu’à sa mort en 1956, et y recevra régulièrement son amie et collaboratrice. Un autre visiteur y fera de nombreux séjours, Le Corbusier. Il y laissera sa marque en peignant directement sur les murs des tableaux, 7 en tout. Eileen Grey n’appréciera pas cette intervention picturale aux couleurs franches, dénaturant à ses yeux, l’atmosphère qu’elle s’était attachée à créer : un espace dépouillé, intimiste, où jouent librement l’ombre et la lumière, à l’abri du vent venu d’horizons lointains, pour le confort physique et moral du visiteur.

La villa E-1027, joyau de l’architecture moderniste,

Cette visite de la villa E-1027 est une expérience inoubliable, entre terre et mer, un exemple unique d’une architecture moderniste des années 30, singulière par sa capacité à créer un habitat intimiste en harmonie avec les raffinements de la vie intime moderne.


Les modalités de visite sont à retrouver sur le site : capmoderne@monuments-nationaux.fr, www.capmoderne.monuments-nationaux.fr ou au téléphone : 33 (0)4 89 97 89 52

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