open
close

Le “mulakkaram”

décembre 24, 2024 | by Jean-Claude JUNIN

100822be3cf04dfba71311157acb3344

Le “mulakkaram”

Impôt sur la poitrine…

     Il y a plus de 200 ans, Nangeli, une pauvre femme de caste inférieure de Cherthala, au Kerala, a gagné une place tragique dans les livres d’histoire. Elle s’est, selon la légende, coupé les seins, pour protester contre un impôt inique, le “mulakkaram” (« impôt sur la poitrine »), prélevé alors par les souverains du royaume de Travancore.

Découvrir ses seins était considéré comme un signe symbolique d’hommage des castes inférieures envers les castes supérieures dans le royaume de Travancore…

     Les rois de Travancore imposaient alors à leurs sujets les plus pauvres toute une série d’impôts, lourds et absurdes, pour amasser des fortunes, mais aussi contrôler les castes inférieures et les maintenir dans un état de pauvreté et d’endettement permanent. La liste était longue, de l’impôt sur l’agriculture et les récoltes, à ceux acquittés pour être simplement autorisé à porter une moustache, pour les hommes, ou des bijoux, pour les femmes. Ces dernières devaient, en outre, régler un tribut spécifique, simplement pour avoir le droit de couvrir leurs seins, et ce dès la puberté.

Le “mulakkaram”

     Nangeli, une femme de la caste Ezhava, était trop pauvre pour payer cet « impôt sur la poitrine ». Ainsi, lorsque le collecteur des impôts (le «parvathiyar») lui a un rendu visite, un jour de 1803, on raconte que Nangeli s’est coupé les seins en signe de protestation et les a disposés sur une feuille de bananier, devant le collecteur.

    Après la fuite du « parvathiyar », Nangeli est morte d’hémorragie. Son mari, Chirukandan, a trouvé son cadavre à son retour. L’histoire dit qu’il s’est suicidé aux funérailles de sa femme. Il a sauté dans le feu de la crémation, commettant un «sati», un geste exceptionnel pour un homme, la pratique désignant le suicide de veuves.

      Le sacrifice de Nangeli a créé une grande agitation et conduit quelques années plus tard à la suppression de cet impôt. L’endroit où Nangeli a vécu est encore connu sous le nom de « mulachiparambu », la « poitrine des femmes ».

Le “mulakkaram”

GrasseMat’ a besoin de votre soutien !
Soutenez l’information locale positive en faisant un don.


RELATED POSTS

View all

view all
X